Voici revenu le temps de l’Avent !
Ce temps béni des bougies qu’on allume et qui étincellent dans les yeux illuminés de nos enfants chaudement emmitouflés. Ce temps des vins chauds sur les marchés de Noël, des cadeaux que l’on prépare et des amis, de la famille, que l’on se prépare à inviter…
Le retour incessant des saisons a quelque chose de bon. Il nous rappelle la permanence de l’amour de Dieu pour nous. De cet amour qui dit que « Tant que la terre durera, semailles et moissons, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront» (Genèse 8 :22). Ainsi, Noël et le souvenir de la naissance tant attendue de ce Fils si précieux pour nous précèdera toujours Pâques et le souvenir du don de sa vie que ce même Fils a réalisé, toujours pour nous ; Et puis Pâques, cette fête majeure précèdera toujours Pentecôte... Rythme glorieux d’une année ‘liturgique’.
Même nous, protestants évangéliques qui aimons à affirmer que nous ne cautionnons pas la liturgie, vivons au rythme de ces célébrations et des pensées qu’elles suscitent dans nos cœurs.
Cependant, ce même retour des saisons a quelque chose de mauvais, en ce sens que sa permanence nous amène régulièrement à oublier tout l’improbable, l’extravagant, l’inattendu que ces différentes fêtes promeuvent.
Quoi donc, un Fils de Dieu couché dans une mangeoire ? Aberrant... Oui! Vraiment aberrant ! Ce même Fils qui affirme être Dieu, finit sa vie cloué sur une croix ? Impensable ! Et puis, le don de l’Esprit de Dieu, puissance de vie répandue sur l’être humain par ce Fils ressuscité et élevé aux cieux ? Vous n’y pensez pas ! L’esprit de Dieu répandu sur cet être fait de chair et de sang, de viscères et de mucus, et d’humeurs si variables ? Plus que délirant, franchement…
Au fond, si l'on y réfléchit vraiment, tout est aberrant dans le christianisme …
Peut-être que cela explique à la fois les persécutions que les fidèles de ce chemin de vie (pour ne pas dire religion) subissent dans de trop nombreuses parties du monde et les tout aussi nombreuses tentatives qui ont cours dans nos pays occidentaux de noyer les fêtes chrétiennes dans les ors d’un commerce tapageur.
Alors s’il en est ainsi, profitons de ces bougies, de ces vins chauds, puisque notre humanité est touchée par la symbolique que ces choses véhiculent, mais sans jamais oublier l’écart immense qui existe entre les évènements fondateurs de ces fêtes (le froid et la solitude de la mangeoire, la douleur et l’horreur de la croix, la perplexité de la pentecôte) et ce qu’elles sont devenues aujourd’hui.
Parce que l’Esprit qui nous a été donné à la Pentecôte, dernier évènement de cette 'suite logique d' aberrations divines', a besoin d’espace pour souffler. De failles pour s’y engouffrer et donner la pleine mesure de sa puissance dans nos vies. Maintenir ouverte dans nos cœurs et nos pensées la compréhension de l’aberration de ces fêtes chrétiennes nous permet de rester attentif au sens profond dont elles sont porteuses et de chercher (peut-être même de trouver ?) Dieu à mille lieux des endroits où la foule vient le chercher habituellement. Tout comme le docteur Denis Mukwege vient de l’affirmer dans un discours impactant à la mairie de Paris, le 30 Novembre dernier : « Je n’ai pas trouvé Dieu dans les églises. Mais dans les yeux d’une petite fille violée, Monique. (…) Après 9 opérations, elle a retrouvé la joie de vivre. »
Oui, Dieu est aberrant, il ne se trouve jamais sur les sentiers battus de nos attentes, de nos habitudes humaines… Je vous souhaite de le rencontrer quelque part dans ces temps de fêtes!
Au détour d'une rue, dans les yeux d'un sans abri ou d'un migrant. Dans les mots d'un enfant ou d'une personne âgée... Allez savoir!